L’insuffisance rénale chronique ou IRC est un dysfonctionnement des reins, qui ne sont plus en mesure de remplir leurs fonctions, notamment la fonction de filtration du sang et d’élimination de déchets tels que l’urée et la créatinine.

 

Origines de l’IRC

L’insuffisance rénale chronique résulte de la destruction irréversible et généralement progressive du tissu rénal. L’altération des fonctions rénales est alors également progressive et les signes cliniques apparaissent par conséquent à un stade où la maladie rénale est déjà avancée. L’IRC est donc le plus souvent la manifestation tardive d’une maladie rénale chronique évoluant silencieusement.

L’IRC est fréquemment considérée comme une maladie des chiens vieillissants car elle peut notamment être due à une dégénérescence rénale liée à l’âge ; elle peut toutefois affecter des chiens de tous âges.

De nombreuses autres causes d’IRC sont rapportées, notamment : une infection rénale ou des infections urinaires récurrentes, des tumeurs rénales, des lésions du tissu rénal associées à une maladie métabolique (diabète par exemple), une accumulation prolongée d’urine dans le rein consécutive à une obstruction en aval (par exemple lors de calculs dans l’uretère).

Plus rarement, des IRC peuvent survenir chez des chiens jeunes souffrant de maladies congénitales.

L’IRC peut aussi être consécutive à une insuffisance rénale aiguë (IRA), causée par une atteinte rapide et massive des reins : une IRA peut être due par exemple à une inflammation rénale aiguë, une maladie infectieuse ou parasitaire (leptospirose, piroplasmose…), une intoxication (éthylène glycol contenu dans des liquides antigel pour automobiles, certains médicaments…), une déshydratation marquée…

La cause initiale reste toutefois souvent non identifiée.

 

Signes cliniques de l’IRC

 

Un des premiers signes cliniques de l’IRC est l’augmentation de la prise de boisson et par conséquent de l’émission d’urine. Il s’agit d’un mécanisme compensatoire qui permet d’augmenter la filtration rénale et, dans une certaine mesure, l’élimination des déchets et toxines.

Divers autres signes cliniques peuvent apparaître lorsque l’insuffisance rénale progresse ; par exemple : signes digestifs (diminution de l’appétit, nausées/vomissements, mauvaise haleine (ou halitose), lésions buccales, diarrhées), amaigrissement et altération de l’état général (abattement, faiblesse), œdèmes et épanchement abdominal…

 

 

 

Diagnostic de l’IRC

Face à un tableau clinique évoquant une IRC, le vétérinaire peut entreprendre divers examens complémentaires pour confirmer le dysfonctionnement rénal et éventuellement en rechercher la cause : lors d’IRC, les analyses sanguines révèlent une augmentation de certains paramètres (urée, créatinine) qui témoigne de la défaillance rénale ; ces analyses sont susceptibles de mettre également en évidence une anémie, une hypoprotéinémie…

Le praticien peut également contrôler la tension artérielle, car l’IRC est souvent responsable à terme d’une hypertension ayant des conséquences potentielles sur de nombreux organes (œil, reins, système cardiovasculaire…), proposer une échographie permettant d’évaluer la taille et la structure du rein, de rechercher des tumeurs rénales, des calculs…

 

Prise en charge de l’IRC

La destruction du tissu rénal est irréversible et aucun traitement ne peut y remédier. La prise en charge vise par conséquent à prévenir ou limiter les conséquences et complications de l’IRC et à ralentir l’évolution de la maladie rénale. Pour ce faire, des mesures peuvent être mises en œuvre afin de limiter la formation des déchets que le rein ne peut plus éliminer efficacement, d’optimiser le fonctionnement du tissu rénal encore sain et de préserver celui-ci.

 

La prise en charge peut comprendre :

– des mesures diététiques : des aliments contenant peu de protéines d’excellente qualité en quantité réduite sont proposés, ce qui permet notamment de réduire la quantité d’urée produite.

– pour certains chiens, l’administration ponctuelle d’une perfusion peut être nécessaire afin d’améliorer l’élimination rénale de l’urée et la créatinine lorsque leur concentration sanguine est très augmentée ;

– le traitement d’une hypertension ou d’une anémie peut également être nécessaire ;

– la prise en charge spécifique de la cause sous-jacente, lorsque celle-ci est identifiée et peut être traitée, permet de stopper ou de ralentir la progression des lésions rénales (par exemple, élimination de calculs urinaires, arrêt d’un traitement présentant une toxicité rénale, traitement d’une infection rénale…).

 

L’IRC nécessite un traitement à vie, adapté au cas par cas et en fonction de l’évolution. Un suivi régulier qui comprend habituellement un examen clinique et un contrôle de l’urée et de la créatinine, éventuellement une mesure de la tension artérielle… est donc nécessaire.