Les moustiques et les phlébotomes sont des insectes piqueurs qui, au stade adulte, se nourrissent de sang (ils sont dits hématophages) et sont des parasites externes de nombreux vertébrés, dont le chat. Les piqûres chez ce dernier peuvent avoir des effets pathogènes directs, mais aussi des effets pathogènes indirects liés à la transmission de maladies parasitaires.
Moustiques
Définition
Les moustiques (ou culicidés) sont une famille d’insectes de l’ordre des diptères, très courants dans le monde entier, avec plusieurs milliers d’espèces connues. En France, ils sont présents sur tout le territoire, aussi bien en zones rurales qu’urbaines.
Espèces et prévalences régionales
Plusieurs dizaines d’espèces ont été identifiées en France métropolitaine, avec trois genres principaux : Culex, Anopheles et Aedes.
Leurs zones de répartition géographique varient en fonction de l’espèce. Leur présence et leur abondance dépendent des conditions climatiques (température et humidité).
Culex est le genre le plus souvent rencontré, présent sur la majorité du territoire, y compris en zones urbaines. Ces moustiques sont nocturnes et ont besoin d’eaux riches en matières organiques (par exemple des eaux avec de la végétation en décomposition…) pour la réalisation de leur cycle.
Les moustiques du genre Anopheles ont également une aire de répartition géographique large. Ces moustiques nocturnes sont plus souvent rencontrés à la campagne, au voisinage d’étendues d’eau stagnantes (notamment des zones marécageuses).
Le genre Aedes apprécie les températures plus chaudes. Le moustique Tigre, par exemple, est implanté dans le sud de la France et son aire de répartition est en extension. Moustique diurne (actif le jour), il n’a besoin que de petites quantités d’eau stagnantes pour son cycle de reproduction (flaque, eau dans une soucoupe de pot de fleurs…).
Cycle de développement
Les œufs sont pondus à la surface de l’eau, dans des milieux variant selon l’espèce. Après éclosion, des larves aquatiques se développent dans l’eau et se transforment en nymphes, puis des adultes émergent.
Les femelles de la plupart des moustiques parasitent de nombreuses espèces animales pour se nourrir de sang et produire leurs œufs. La durée de vie des adultes est de quelques semaines au cours desquelles femelles piquent à de multiples reprises et sont ainsi susceptibles de se contaminer puis de transmettre des micro-organismes pathogènes. L’activité des moustiques est nocturne pour les genres Culex et Anopheles et surtout diurne pour le genre Aedes.
Comme tous les insectes, les moustiques ont besoin de températures clémentes pour être actifs et réaliser leur cycle de développement. Habituellement, ils disparaissent donc durant l’hiver dans la plupart des régions, mais le réchauffement climatique favorise l’allongement des périodes d’activité et permet l’extension des aires de présence d’espèces « tropicales ».
Risque pathogène
Direct
Il n’est pas rare que les chats soient piqués. Les effets pathogènes directs sont limités : piqûre peu douloureuse, réactions locales modérées avec formation possible d’un bouton (papule) et apparition de démangeaisons.
Indirect
Les moustiques sont connus pour être les vecteurs de maladies parasitaires et virales variées pour de nombreuses espèces, dont certaines sont graves. Chez l’homme, peuvent être cités par exemple, le chikungunya, la fièvre du Nil occidental, le paludisme…
Chez le chat, le principal risque en France métropolitaine est la transmission d’un ver rond (helminthe) du genre Dirofilaria ; ce risque de transmission est surtout localisé dans certaines zones du Sud de la France et de l’Europe (Espagne, Portugal, Italie, Grèce…), en Afrique du Nord, dans les DOM-TOM… Lorsqu’ils piquent des animaux infestés, les moustiques ingèrent puis hébergent le parasite à l’état larvaire et le transmettent aux chats qu’ils piquent ensuite. Le parasite peut alors poursuivre son développement jusqu’au stade adulte.
Deux espèces de Dirofilaria sont susceptibles de parasiter le chat :
– Dirofilaria immitis, le « ver du cœur », responsable de la dirofilariose cardio-pulmonaire. Les vers adultes vivent dans les cavités du cœur et certaines artères qui en partent. L’infestation est beaucoup plus rare que chez le chien et cette parasitose est généralement mieux tolérée chez le chat, car le nombre de vers adultes reste limité. Une guérison spontanée est en outre possible, les vers étant éliminés après quelques années. Des formes cliniques graves ne sont toutefois pas exclues et les chats infestés asymptomatiques constituent aussi des réservoirs du parasite. Des mesures destinées à prévenir l’infestation sont donc souhaitables.
– Dirofilaria repens : ce ver est responsable de la dirofilariose sous-cutanée, les larves inoculées poursuivant leur développement sous la peau. Cette parasitose est généralement bénigne et passe souvent inaperçue chez le chat.
Phlébotomes
Les phlébotomes sont une sous-famille d’insectes de l’ordre des diptères, ressemblant à un petit moustique velu. Ces moucherons piqueurs de 0,5 cm environ sont largement répandus sur le pourtour méditerranéen.
Espèces et répartition
En France métropolitaine, cinq espèces de phlébotomes sont connues, dont deux, Phlebotomus ariasi et Phlebotomus perniciosus, ont une importance particulière car elles sont susceptibles de transmettre une maladie grave, la leishmaniose.
Elles sont présentes dans le sud, mais une extension vers le nord de leurs aires de répartition est constatée au fil des ans. On peut s’attendre à ce qu’elle se poursuive avec le réchauffement climatique.
Phlebotomus ariasi : cette espèce vit préférentiellement dans des zones forestières, de collines et de coteaux, protégées des vents et à des altitudes où les températures restent clémentes, notamment dans les Cévennes et les Pyrénées. Ils sont particulièrement abondants en juillet-août et peuvent parcourir plus de 2 km à partir de leur site d’éclosion.
Phlebotomus perniciosus : les foyers de cette espèce sont surtout localisés en Provence, sur la Côte d’Azur et en Corse. Ils sont plus nombreux en août-septembre. Ces moucherons vivent en zones rurales et péri-urbaines, à basse altitude, dans des zones de végétation basse (maquis et garrigue, jardins broussailleux…). Leur rayon d’action est limité à quelques centaines de mètres autour de leur foyer d’éclosion.
Cycle de développement
Le développement de l’œuf à l’adulte a lieu dans des sols riches en matières organiques ; les phlébotomes n’ont pas besoin d’étendues ou d’accumulation d’eau pour réaliser leur cycle. Comme chez les moustiques, la femelle doit effectuer des repas de sang pour la production d’œufs et elle parasite divers mammifères, notamment le chien et l’homme. Les adultes vivent de 1 à 3 mois au cours desquels les femelles piquent à de multiples reprises et sont ainsi susceptibles d’ingérer des agents pathogènes, puis de les inoculer.
Ces moucherons sont surtout actifs au crépuscule et en début de nuit, à condition que les températures soient clémentes et qu’il n’y ait pas ou très peu de vent. Les attaques des phlébotomes ont surtout lieu à l’extérieur pour P. ariasi qui rentrent peu dans les habitations, mais aussi dans les logements pour P. perniciosus.
Les périodes de développement et d’activité des phlébotomes en France se situent en général de juin à septembre, mais peuvent s’étendre de mars à novembre dans les régions les plus chaudes.
Risques pathogènes
Direct
Chez le chat, les piqûres interviennent préférentiellement au niveau des zones sans poils, en particulier à la face (museau, pourtour des yeux) et à l’intérieur du pavillon des oreilles. Les piqûres sont douloureuses et conduisent à la formation de papules pouvant engendrer des démangeaisons marquées. Des infections bactériennes secondaires consécutives au grattage peuvent également survenir.
Indirect
Les phlébotomes sont les vecteurs de la leishmaniose, maladie grave commune au chien et à l’homme, plus rare chez le chat, due à un parasite unicellulaire microscopique (protozoaire), Leishmania infantum. La fin de l’été et le début de l’automne constituent la période de risque maximal de transmission des leishmanies. Les chats vivant dans les régions où les phlébotomes sont abondants et passant la nuit dehors sont les plus exposés.
Chez le chat, la fréquence et la gravité de la maladie font débat. L’infection serait probablement sous-diagnostiquée (maladie émergente) car elle serait le plus souvent asymptomatique (porteurs sains, qui constituent des réservoirs du parasite) ; lors d’expression clinique, les manifestations sont principalement cutanées chez le chat et la maladie est a priori moins graves que chez le chien.
Il n’y a pas de contagion directe entre l’animal et l’homme, mais un phlébotome peut ingérer le parasite en piquant un chat infecté, puis éventuellement le transmettre à des hommes lors de piqûres (ou inversement).