Des problèmes dus aux épillets sont fréquemment rencontrés en été chez les chiens. Les sujets à poils longs ou frisés, ainsi que ceux à oreilles tombantes (épagneuls, colleys, caniches, cockers…) sont plus exposés car les épillets s’accrochent plus facilement dans leur pelage, mais les chiens de toutes races peuvent être affectés.

 

Qu’est-ce qu’un épillet ?

Les épillets sont des fragments d’épis de graminées sauvages, mesurant 1 à 2 cm et renfermant une graine. Ils se détachent de la tige lorsqu’ils sont secs et tombent au sol, mais peuvent aussi s’accrocher à des vêtements, au pelage d’un animal… Les épillets peuvent se trouver partout où poussent des graminées sauvages : hautes herbes des bas-côtés, dans les prés pas encore fauchés, dans des parties non tondues d’un jardin.

L’été est la période la plus à risque, mais des graminées arrivent à maturité et libèrent des épillets de mai à septembre environ.

 

Quel risque représentent les épillets pour votre chien ?

 

En raison de sa structure, l’épillet lorsqu’il est sur un support va progresser, pointe en avant. Après avoir migré le long des poils, il peut notamment pénétrer dans une cavité naturelle (conduit auditif, sous une paupière, cavité nasale, bouche, anus…).

L’épillet peut facilement perforer la peau lorsqu’il est dans le pelage (l’espace entre les doigts est une des localisations fréquentes) ou les muqueuses s’il a pénétré dans une cavité naturelle. Il poursuit alors une migration plus ou moins aléatoire dans les tissus mous sous-jacents et peut pénétrer dans, voire traverser, des organes profonds (poumons, appareil digestif…) et être à l’origine d’infections (abcès et parfois septicémie) et de troubles variables selon les organes atteints.

 

Devenir des épillets après la pénétration et signes cliniques

Les signes cliniques diffèrent selon la localisation de l’épillet et l’ancienneté de la pénétration.

 

– Les oreilles : dans un premier temps, le chien présente une gêne due à la présence de l’épillet dans le conduit auditif, puis une otite douloureuse se développe rapidement : le chien peut secouer la tête de manière répétée, garder la tête penchée du côté atteint, émettre parfois des gémissements ou des cris, refuser qu’on touche son oreille. L’infection peut être associée à la présence de pus et d’une odeur nauséabonde. L’épillet peut migrer jusqu’au tympan et parfois le perforer.

Chez quelques cas, la présence de l’épillet dans l’oreille reste asymptomatique et est découverte par hasard, par exemple lors d’un examen de l’oreille par un vétérinaire.

 

– Le nez : la présence de l’épillet provoque des éternuements répétés, éventuellement associés à un écoulement ou un saignement de la narine affectée. Parfois, il est alors expulsé, mais souvent il progresse plus loin dans les cavités nasales où il peut demeurer, ou continue de migrer, peut être avalé ou cheminer dans les voies respiratoires et aboutir dans un poumon. La migration peut alors être stoppée dans une bronche ou le tissu pulmonaire, mais il est également possible qu’il traverse le poumon et migre dans d’autres tissus.

 

– La bouche : le chien essaie de recracher l’épillet, tousse, peut expulser du sang en cas de lésions buccales. L’épillet peut rester accroché dans la muqueuse ou comme lors d’une pénétration par le nez, poursuivre sa migration par la voie digestive ou respiratoire.

 

– Les yeux : l’épillet se loge derrière une paupière ou derrière la troisième paupière ou se plante dans la conjonctive de cette paupière. Sa présence est douloureuse et l’animal garde généralement l’œil fermé et présente un larmoiement. S’il n’est pas retiré, une conjonctivite et une infection secondaire se développent rapidement. L’épillet peut également frotter sur la cornée et provoquer des lésions de celle-ci.

 

– Entre les doigts : l’épillet ayant pénétré sous la peau provoque une douleur parfois vive : le chien se lèche, se mordille, peut boiter. Une infection se développe et un abcès se forme et finit par percer. Un orifice (fistule) par lequel s’écoule un peu de pus éventuellement mélangé à du sang peut alors être observé entre les doigts. L’épillet peut également progresser le long de la patte et parfois migrer très loin de son point d’entrée.

 

Que faire si un épillet a pénétré dans une cavité naturelle ou sous la peau de mon chien ?

Si votre chien rentre du jardin ou d’une promenade en secouant ou en gardant la tête penchée, présente un œil fermé, éternue sans discontinuer, se lèche ou mordille une patte…, la présence d’un épillet ayant pénétré dans une cavité naturelle ou sous la peau doit être envisagée et il convient de consulter un vétérinaire. Si les examens confirment la présence de l’épillet, il procédera si possible sans attendre à son extraction.

Il est conseillé de consulter sans délai, car l’épillet risque de progresser, de provoquer des lésions parfois graves et des infections, et le repérage et l’extraction peuvent devenir plus difficiles en cas de migration.

La localisation de l’épillet est le préalable indispensable à son extraction et peut parfois nécessiter de réaliser des examens complémentaires (échographie, endoscopie…) pour le visualiser ou le retrouver en suivant son trajet de migration.

Selon sa localisation, l’extraction d’un épillet peut être facile et rapide ou se révéler très délicate.

Pour exemples, l’extraction d’un épillet dans le conduit auditif est réalisée simplement à l’aide d’une pince spécifique pour épillet et d’un otoscope, souvent après tranquillisation ; pour un épillet ayant pénétré entre les doigts, une exploration chirurgicale peut se révéler nécessaire afin de le localiser puis l’extraire, s’il s’est éloigné du point d’entrée ; la prise en charge d’un épillet ayant pénétré par le nez ou la bouche et migré jusqu’au poumon implique une chirurgie lourde.

 

Comment prévenir les problèmes d’épillets ?

Lors de la saison propice aux problèmes d’épillet, il est conseillé d’inspecter la peau et pelage de votre chien après qu’il ait été à l’extérieur, en particulier dans les zones corporelles à risque : les oreilles, entre les doigts, le pourtour des yeux, du nez, la région ano-génitale… Les épillets pris dans le pelage doivent être décrochés. Le brossage permet également de les éliminer.

La tonte des régions corporelles où les épillets risquent le plus de pénétrer est également souhaitable chez les chiens les plus exposés : par exemple, face interne des oreilles (cockers, épagneuls…), extrémités des pattes et espaces interdigités (caniches, colleys…).

Le risque que des épillets s’accrochent dans le pelage du chien peut être réduit en évitant de le promener dans les lieux où prolifèrent les graminées à maturité. Il est également souhaitable d’entretenir régulièrement le jardin (tonte, défrichage), afin que les graminées n’y arrivent pas à maturité.