Le terme dermatose désigne les maladies de la peau. Si leurs causes sont variées, une origine parasitaire est fréquente. Les organismes impliqués sont le plus souvent des parasites externes : insectes, acariens ou champignons. Certaines maladies causées par des parasites internes, telles que la leishmaniose, peuvent également occasionner des manifestations cutanées.
Signes cliniques
De nombreuses dermatoses parasitaires du chat se manifestent par des démangeaisons (ce symptôme est également appelé prurit). Ce signe clinique apparaît souvent dès le début de la dermatose. Des pertes de poils (dépilations ou alopécie) peuvent également survenir dès le début de la maladie lorsqu’elles sont une conséquence directe de la parasitose, ou plus tardivement si elles sont dues au grattage. D’autres signes cliniques sont observés de manière inconstante et sont souvent liés au grattage et au développement dans un second temps d’infections bactériennes (ou infections secondaires) : écorchures et plaies superficielles, croûtes, suintement, pellicules, peau grasse et malodorante due à une sécrétion anormale de sébum, épaissie…
Dermatoses parasitaires à l’origine de démangeaison (ou prurit)
– Infestation par les puces (pulicose)
L’infestation par les puces est la cause la plus fréquente de dermatose parasitaire chez le chat
– Infestation par les aoûtats (trombiculose)
Les aoûtats sont les larves parasites d’un acarien des jardins, Trombicula automnalis. Ils se fixent sur la peau du chat et se nourrissent de sang. Ils sont habituellement regroupés sur les zones où la peau est fine (espaces entre les doigts, base de l’oreille…), formant de petits amas orange. Leurs piqûres provoquent de fortes démangeaisons. Cette dermatose saisonnière est fréquente en été et au début de l’automne. L’homme peut aussi être infesté, de la même manière que le chat, mais il n’y a pas de contagion directe depuis l’animal.
– Gale notoédrique
La gale notoédrique ou gale du corps est due à un acarien microscopique qui se multiplie dans l’épaisseur de la peau. Elle occasionne des démangeaisons intenses. Cette parasitose est devenue exceptionnelle en France métropolitaine. Une transmission du chat à son propriétaire lors de contacts rapprochés est fréquente.
– Infestation par les poux (phtiriose)
Les poux sont des insectes vivant sur la peau et dans le pelage du chat. Ces infestations peu fréquentes concernent surtout des animaux mal entretenus. Elles se caractérisent par un prurit marqué, des rougeurs cutanées, un poil terne. Les œufs (ou lentes) fixés sur les poils, sont visibles à l’œil nu.
– Cheyletiellose
La cheyletiellose ou pseudogale, est provoquée par la prolifération à la surface de la peau d’un acarien appelé Cheyletiella. La fixation des parasites sur la peau, parfois associée à une réaction allergique, provoque des démangeaisons. Cette parasitose est aussi caractérisée par l’apparition de pellicules. Toutefois, ces signes cliniques sont surtout observés chez le chaton, les manifestations cliniques étant habituellement limitées chez l’adulte. Le toilettage limite en effet l’installation du parasite.
La cheyletiellose est transmissible à l’homme.
– Dermatite à Malassezia
Cette dermatose est due à une levure, Malassezia pachydermatis. Elle est moins fréquente que chez le chien. Les signes cliniques classiques consistent en des démangeaisons modérées à marquées, une sécrétion de sébum anormale se manifestant par une peau grasse et malodorante…
Certaines régions du corps telles que le conduit de l’oreille, les plis de peau, les espaces entre les doigts et la base des griffes, la face ventrale de l’abdomen… Une forme clinique généralisée à l’ensemble du corps est possible.
Souvent chronique, elle peut se compliquer d’une infection bactérienne.
Dermatoses parasitaires ne générant pas de démangeaisons, à l’origine de perte de poils
– Démodécie
La démodécie est due à la multiplication anormale d’un acarien microscopique (Demodex canis), normalement présent dans les poils. Rare chez le chat, elle n’est pas contagieuse.
Deux formes cliniques de démodécie féline sont décrites : localisée (dépilations autour des paupières ou dans le cou, parfois accompagnées d’une otite) ou généralisée (pertes de poils étendues à l’ensemble du corps, en général sans croûtes et moins grave que chez le chien).
– La teigne
La teigne est une infection due à des champignons, surtout rencontrée chez les jeunes chats. De nombreux chats sont porteurs sains, c’est à dire qu’ils sont infestés par le champignon mais ne présentent pas de manifestations cliniques.
Les signes cliniques de la teigne féline varient de simples dépilations (sur les oreilles, la tête, les membres…) à des lésions étendues et marquées (démangeaisons parfois importantes, rougeurs, croûtes, pellicules). Certaines infections virales félines qui provoquent une immunodépression (leucose féline) favorisent le développement de la teigne.
La teigne est très contagieuse, y compris à l’homme.
Diagnostic et pronostic des dermatoses parasitaires
Un pré-diagnostic peut être établi par le propriétaire, en observant les signes cliniques et le comportement de l’animal. Une inspection de l’ensemble du corps du chat peut permettre d’apprécier l’étendue de la dermatose et d’orienter vers le type. Par exemple, passer un coton humide à la base du pelage permettra de visualiser la présence de puces ou de sang. Le diagnostic est établi par le vétérinaire en se fondant sur les informations obtenues en interrogeant le propriétaire du chat, sur les signes cliniques et, souvent, en réalisant des examens complémentaires afin de mettre en évidence le parasite.
La gravité de chacune de ces dermatoses parasitaires peut varier largement d’un animal à un autre : ainsi, la pulicose peut être bien tolérée chez certains chats, alors que d’autres vont présenter des signes cutanés marqués et étendus, en raison d’une réaction allergique aux piqûres de puces. De même, la teigne peut se manifester par une forme localisée relativement bénigne, tandis qu’une forme généralisée peut se développer chez certains sujets.
Prise en charge des dermatoses parasitaires
La prise en charge des dermatoses parasitaires comporte plusieurs aspects.
– La guérison implique d’éliminer la cause de la dermatose en traitant l’infestation parasitaire. En fonction du parasite en cause, le chat sera traité avec un produit acaricide (cheyletiellose, aoûtats, démodécie), insecticide (puces, poux) ou fongicide (dermatite à Malassezia, teigne). Les formes pharmaceutiques disponibles sont variées : solution pour pulvérisation, comprimé, pipette, collier, shampoing…
Pour certaines parasitoses, le traitement des congénères et de l’environnement est préconisé (puces, poux, Cheyletiella), afin de prévenir les recontaminations du chat atteint, et d’éviter l’éventuelle contamination des autres animaux du foyer et des humains. La mise en place de mesures de prévention peut également être conseillée, en particulier pour les infestations par les puces.
– Lors de dermatose prurigineuse, il est important de soulager les démangeaisons afin d’améliorer rapidement le confort du chat et d’éviter qu’il aggrave les lésions en se grattant. Si les démangeaisons concernent une grande surface corporelle ou sont très intenses, un traitement anti-inflammatoire ou anti-histaminique par voie générale est souvent administré par le vétérinaire. Lorsque les démangeaisons sont modérées et localisées, un traitement externe est généralement privilégié.
– Si d’autres lésions cutanées (croûtes, suintement, séborrhée…) ou une infection secondaire sont présentes, un traitement adapté est instauré : des soins externes avec un shampoing (lésions étendues), une solution ou une pommade (lésions localisées) est souvent suffisant, mais un traitement antibiotique (prescrit par un vétérinaire) par voie générale peut être nécessaire en cas d’infection profonde.