L’anxiété de séparation est un trouble du comportement du chien qui se manifeste par un état de détresse lorsque l’animal se trouve séparé de la personne à laquelle il est excessivement attaché (hyperattachement).

 

Origine de l’anxiété de séparation

L’anxiété de séparation (également appelée persistance de l’attachement primaire) résulte de l’attachement excessif d’un jeune chien à un de ses maîtres, l’être d’attachement primaire.

En effet, après sa naissance, le chiot s’attache à sa mère, cet attachement primaire constituant un lien apaisant. Si le chiot grandit avec sa mère celle-ci va normalement commencer à le repousser vers l’âge de 3 mois et provoquer un détachement progressif ; le chien acquière ainsi une autonomie émotionnelle et des comportements sociaux d’adulte.

Lorsqu’un chiot est adopté, souvent vers l’âge de 2-3 mois, il s’attache très vite à sa famille d’accueil, et parfois spécifiquement à une personne, recréant ainsi un attachement primaire à un parent de substitution (également désigné par le terme « être ou figure d’attachement »). C’est donc cette personne en particulier qui devra réaliser activement le processus de détachement avant la puberté du chien. Dans le cas contraire, un attachement excessif est susceptible de persister lorsque l’animal est adolescent et il peut conserver un comportement infantile, développer une anxiété de séparation et ne pas supporter d’être séparé de la figure d’attachement.

L’hyperattachement intervient donc généralement chez des chiens acquis tôt et pour lesquels les propriétaires n’ont pas effectué le détachement nécessaire avant la puberté, comme cela se serait produit avec la chienne.

 

L’anxiété de séparation, qui concerne des jeunes chiens, est devenue relativement rare, en raison probablement de la large diffusion et de l’application des conseils de prévention. Les problèmes de chiens qui ne supportent pas de rester seuls sont toutefois fréquents et peuvent concerner des chiens de tous âges.

Les autres causes de ces troubles du comportement peuvent être par exemple :

– un défaut d’apprentissage du chien à rester seul : l’animal (en général encore jeune), n’est jamais resté seul auparavant et les problèmes apparaissent lorsqu’il se trouve isolé ;

– une sociopathie : le chien a un statut hiérarchique élevé (chien « dominant ») et cherche à contrôler les entrées et sorties de son territoire ;

– un hyperattachement secondaire à un trouble émotionnel : une anxiété, des phobies ou une dépression peuvent entrainer un attachement excessif à une/des personnes ou animal(aux) du foyer, dont la présence apporte un certain apaisement. Le chien manifeste en revanche de la détresse lorsqu’il en est séparé.

 

Manifestations de l’anxiété de séparation et de l’hyperattachement

 

 

Les manifestations de détresse (anxiété) lorsque le jeune chien hyperattaché reste seul ou plus largement lorsqu’il est séparé/éloigné de l’être d’attachement apparaissent à l’adolescence.

Elles peuvent consister en :

– des vocalises variables, tels que aboiements, mais aussi gémissements, plaintes, hurlements ;

– des destructions : de mobilier, vêtements… qu’il gratte ou mâchouille ;

– de la malpropreté : élimination d’urine et/ou de selles ;

– d’autres symptômes tels que de la salivation, des vomissements.

 

 

En plus des manifestations comportementales qui s’expriment en l’absence du maître, le chien garde généralement des caractéristiques juvéniles : par exemple, un mâle continue à uriner sans lever la patte, les chaleurs tardent à apparaitre chez une femelle…

L’hyperattachement se caractérise également par une tendance à vouloir suivre en permanence l’être d’attachement, à rechercher son attention. En promenade, il s’éloigne peu de son maître et cherche à toujours conserver un contact visuel avec lui.

Ces chiens dits « collants » ne sont apaisés que lorsqu’ils sont près de l’être d’attachement, voire au contact.

 

Prise en charge

Si un chien présente des troubles du comportement lorsqu’il reste seul, il est nécessaire de consulter un vétérinaire ou un vétérinaire comportementaliste. Il faut en effet établir avec certitude l’origine de ces troubles, car la prise en charge est spécifique de la cause ; des mesures inadaptées n’apporteront donc généralement pas d’amélioration et peuvent même aggraver la situation.

Ce diagnostic prend en compte notamment les caractéristiques du chien (âge, sexe…), les caractéristiques des troubles (depuis toujours ou non, permanents ou intermittents, leur nature…), les relations avec les maitres (évaluation du degré d’attachement, des interactions sur le plan hiérarchique), les résultats de l’examen clinique…

 

Si une anxiété de séparation est confirmée, les mesures pour sa prise en charge sont adaptées au cas par cas. La base de cette prise en charge est une thérapie comportementale de détachement, afin que le chien puisse acquérir une autonomie émotionnelle et une maturité sociale.

Cette thérapie peut être facilitée par l’utilisation de traitements chimiques anxiolytiques : produits non médicamenteux, tels que des phéromones, huiles essentielles, compléments alimentaires, et/ou médicaments psychotropes sur prescription.

Le principe de la thérapie de détachement consiste à ramener progressivement les contacts avec le chien à un niveau raisonnable, afin de rétablir un attachement « normal » ; notamment :

– en ne répondant pas systématiquement à ses sollicitations lorsqu’il recherche l’attention, les contacts avec le chien devant être initiés par le maitre. Par exemple, on l’ignore lorsqu’il vient se faire caresser, puis on le rappelle un peu plus tard ;

– en le repoussant doucement ou en l’envoyant parfois dans son panier lorsqu’il vient « se coller » ;

– en ne le laissant pas dormir à proximité de l’être d’attachement (dans sa chambre, sur son lit) ;

etc.

 

La thérapie de détachement doit être progressive, réalisée en douceur et sans réprimander, car si elle est trop brusque, elle peut elle-même engendrer un stress et entretenir l’état anxieux.

 

Il convient également de supprimer les rituels de départ et de retour lorsqu’on s’absente (par exemple chercher à rassurer le chien avant de partir), car ils sont associés chez celui-ci à l’absence du maitre et renforcent donc l’anxiété liée à la séparation.

 

Le pronostic du traitement de l’anxiété de séparation est généralement bon.

 

La prévention étant préférable au traitement, il est préconisé de mettre en place de mesures pour éviter l’apparition d’un hyperattachement (comparables à celles présentées ci-dessus) et apprendre en outre au chiot qui vient d’être adopté à rester seul. Le vétérinaire est l’interlocuteur de choix pour fournir ces conseils d’éducation et bien d’autres, lors d’une visite d’adoption ou de la première visite de vaccination.