Les tiques sont des parasites fréquents du chien. Elles sont présentes dans toute la France mais leurs zones de répartition géographique varient en fonction des espèces. Les tiques ont une importance médicale majeure chez le chien car elles sont le vecteur potentiel de nombreuses maladies canines (principalement bactériennes et parasitaires), dont certaines sont des zoonoses (maladies communes à des espèces animales et à l’homme).

 

Définition

Les tiques sont des acariens de grande taille, observables à l’œil nu, même lorsqu’elles ne sont pas gorgées de sang.

La tique est un parasite obligatoire, chaque stade du cycle de développement (larve, nymphe et adulte) devant se nourrir de sang sur l’animal (appelé hôte) qu’il parasite temporairement.

 

Espèces

De très nombreuses espèces de tiques sont susceptibles d’infester le chien, mais en France, trois espèces prédominent : Ixodes ricinus, Dermacentor reticulatus et Rhipicephalus sanguineus.

Leur mode de vie et leur aire de répartition diffèrent plus ou moins.

Ixodes ricinus (« tique des bois ») : cette tique mesure de 1 mm pour les larves, à 1 cm pour les femelles gorgées de sang. C’est la tique la plus répandue en Europe ; abondante sur la majorité du territoire français, elle est toutefois rare en région méditerranéenne. Elle apprécie en effet les zones relativement humides et fraîches, avec une végétation importante : son habitat de prédilection est forestier (forêts de feuillus et sous-bois), mais elle peut aussi être présente sur des milieux plus ouverts (prairies, bas côtés…), si les conditions d’humidité et de végétation sont appropriées.

Dermacentor reticulatus : cette tique mesure de 1 mm environ pour les larves, à 1,5 cm pour les femelles gorgées de sang. Elle est présente en abondance sur la majorité du territoire français, mais rare en région méditerranéenne et dans les régions de montagne. Cette espèce vit préférentiellement sur des terrains peu boisés, assez humides (jardins, prairies, haies, terrains vagues, berges de cours d’eau…).

Rhipicephalus sanguineus (« tique d’intérieur » ; « tique des chenils » ; « tique du chien ») : cette tique mesure de 1 mm environ pour les larves, à 1 cm pour les femelles gorgées de sang.

Elle est surtout abondante dans des régions au climat chaud ; en France, elle est surtout présente dans les régions à climat méditerranéen, mais son aire de répartition géographique s’étend à un grand sud-est. Cette tique peut réaliser l’ensemble de son cycle de développement en intérieur, dans les lieux de vie du chien, par exemple dans un chenil, une niche, une habitation, et l’infestation est possible toute l’année. Elle est plus fréquemment rencontrée chez les chiens vivant en collectivité.

 

Cycle de développement

Le cycle de développement peut se dérouler lorsque les conditions météorologiques (humidité et température) sont favorables : le pic d’activité intervient en général au printemps et à l’automne pour Ixodes et Dermacentor, mais les changements climatiques tendent à bouleverser cela, avec une période d’infestation élargie (toute l’année dans certaines régions). Les tiques de l’espèce Rhipicephalus qui effectuent leur cycle à l’intérieur sont souvent actives toute l’année.

Lorsque les conditions sont défavorables (climat, absence d’hôtes), le cycle peut se dérouler sur plusieurs années (jusqu’à 3 ans), avec la possibilité d’arrêt du développement à chaque stade du cycle, et une survie possible de 3 mois à 1 an pour chaque stade. Lorsque les conditions sont favorables, plusieurs générations peuvent se succéder sur une année.

Les œufs pondus au sol dans l’environnement (par exemple dans une prairie, une zone boisée, un chenil… selon l’espèce) donnent naissance à des larves, qui se transforment ensuite en nymphes puis en adultes. Les larves et nymphes ont une morphologie proche de celle des adultes, mais en format miniature.

La tique est un parasite temporaire, puisque son cycle de développement se déroule en partie dans le milieu extérieur. Chaque stade du cycle (larve, nymphe et adulte) doit se nourrir sur un hôte. Les tiques « chassent à l’affut » : elles grimpent en hauteur (par exemple dans des buissons, sur de hautes herbes…) et s’accrochent ou se laissent tomber sur un hôte potentiel qui passe à leur portée. Elles repèrent celui-ci par sa chaleur et l’émission de gaz carbonique. Elles se déplacent ensuite sur l’hôte pour se fixer préférentiellement sur les régions à peau fine (oreilles et base des oreilles, aisselles, aine, mamelles…) grâce à leurs pièces buccales. Elles effectuent un seul repas de sang à chaque stade, qui dure toutefois plusieurs jours, puis se laissent tomber au sol. Les larves et les nymphes poursuivent alors leur développement dans l’environnement et évoluent vers le stade suivant ; quant aux adultes, les femelles fécondées vont pondre dans le milieu extérieur plusieurs milliers d’œufs sur une période de quelques semaines.

Les hôtes varient selon l’espèce de tiques et, pour une espèce donnée, peuvent également être différents à chaque stade de développement.

Ixodes ricinus :
Larve et nymphes : petits mammifères, oiseaux et reptiles.
Adultes : grands mammifères (chiens, chats, faune sauvage, homme…).

Dermacentor reticularis :
Larves et nymphes : rongeurs (mulots, campagnols) et insectivores.
Adultes : surtout grands mammifères sauvages ou domestiques, dont chien, chat, lapin et également homme.

Rhipicephalus sanguineus : tique très spécifique du chien à tous les stades. L’infestation du chat (et de l’homme) est occasionnellement possible.

 

Infestation

Le chien est infesté uniquement par des tiques qui se trouvent dans l’environnement, qui peuvent être au stade larve, nymphe et/ou adulte selon l’espèce. Il n’y a pas de transmission directe d’un animal à un autre.

 

Risque pathogène

– Direct

Le risque pathogène direct des tiques est habituellement limité : il peut s’agir d’une douleur, d’une irritation et de la formation d’un nodule au niveau du site de fixation (dues au traumatisme de la piqûre et inoculation de salive anticoagulante, irritante et parfois toxique). Dans de rares cas, une infection secondaire bactérienne survient localement (formation d’un abcès).

Le prélèvement de sang peut toutefois être important lors d’infestation massive et provoquer une anémie. Ixodes ricinus peut également avoir une action toxique, appelée paralysie à tiques : l’injection de toxines sécrétées par la tique entraîne une paralysie transitoire du chien.

– Indirect

Le risque pathogène indirect est élevé car les tiques sont des vecteurs potentiels de nombreuses maladies du chien dont les agents sont principalement des bactéries et des organismes microscopiques. La transmission se fait par la salive de la tique au cours du repas sanguin, celle-ci intervenant en général au moins 24 à 48 heures après la fixation de la tique.

Ixodes ricinus : transmission au chien de la bactérie Borrelia burgdorferi (agent pathogène de la maladie de Lyme ou borréliose. L’existence de la maladie chez le chien reste discutée), bactérie Anaplasma (agent de l’anaplasmose), du virus de l’encéphalite à tiques.

Dermacentor reticulatus : transmission au chien de Babesia canis, parasite microscopique, qui pénètre, se multiplie et détruit les globules rouges de l’hôte, et est à l’origine de la babésiose ou piroplasmose.

Riphicephalus sanguineus : transmission au chien de Babesia canis, Ehrlichia canis (bactérie, agent de l’ehrlichiose), Anaplasma, Hepatozoon canis (protozoaire, agent de l’hépatozoonose, qui n’est pas transmis lors du repas de sang de la tique, mais lorsque le chien ingère une tique porteuse).

La contamination par transmission des agents pathogènes ne se faisant pas dès le début de la piqûre, une prévention bien menée contre les tiques et l’élimination précoce des tiques fixées sur le chien réduit considérablement le risque de transmission de ces maladies.

Il est à noter que les tiques sont également le vecteur de maladies de l’homme, dont certaines sont commune à des espèces animales et à l’homme : maladie de Lyme, encéphalite à tiques, fièvre Q…