La douleur est une sensation anormale et désagréable faisant suite à un traumatisme ou une maladie, notamment des maladies chroniques, comme l’arthrose, certains cancers…

Le chat, tout comme l’homme, éprouve de la douleur. Les causes, les mécanismes et le ressenti de celle-ci sont comparables chez ces 2 espèces. Les manifestations de la douleur sont en revanche différentes : elles sont notamment souvent moins marquées et peu caractéristiques chez le chat, ce qui a longtemps fait penser que l’animal souffrait moins ou supportait mieux la douleur, et celle-ci a en conséquence été insuffisamment prise en considération.

Aujourd’hui, la prise en compte de la douleur chez l’animal de compagnie est une attente sociétale et est devenue une préoccupation majeure en pratique vétérinaire. L’approche idéale consiste à prévenir la douleur chaque fois que possible (par exemple lors d’une intervention vétérinaire connue pour être douloureuse). Lorsque la douleur est déjà établie, sa prise en charge est importante pour soulager l’animal, mais aussi parce qu’une douleur persistante a des répercussions physiologiques et peut également influer sur le comportement et les processus de guérison.

 

Quelles sont les manifestations de la douleur chez mon chat ?

La prise en charge appropriée de la douleur implique en premier lieu de savoir la reconnaître, mais aussi d’évaluer son niveau, ce qui n’est pas toujours simple.

Les manifestations de la douleur chez le chat sont variées, mais parfois discrètes. Des manifestations de plusieurs types peuvent être associées.

Léchage, mordillement, frottement ou grattage intensif d’une région du corps
Par exemple :
– le chat peut se lécher ou mordiller la patte suite à la pénétration d’un épillet à travers la peau entre les doigts, ou la région endolorie suite à une piqûre d’insecte. Ces comportements peuvent être associés à des plaintes, gémissements…
– il peut se frotter de manière frénétique la région oculaire (avec une patte ou sur un support tel que le sol), lors d’affection oculaire douloureuse (glaucome, uvéite…) ; cette manifestation peut être associée à un œil fermé ;
– lors d’otite, la douleur peut conduire le chat à se gratter l’oreille, mais également à secouer la tête, la garder penchée sur le côté, émettre des plaintes…
Ces manifestations peuvent conduire à aggraver des lésions ou à des automutilations lors de douleur intense et/ou persistante.

Manifestations vocales
Des miaulements et feulements (chat qui « crache ») peuvent être occasionnellement associés à la douleur chez le chat. Ce type d’expression est plus fréquent lors de douleur aiguë et vive, par exemple juste après un traumatisme (fracture…) ou si la douleur est exacerbée (lors d’un mouvement, d’une palpation ou manipulation d’une région affectée…).

Postures inhabituelle
Le chat peut adopter des postures inhabituelles qui lui permettent de limiter la douleur : boiterie voire refus de poser une patte pour soulager le membre lors de fracture, arthrose…, position caractéristique dite du prieur ou en sphinx lors de douleurs abdominales…

Modifications du comportement
Elles peuvent être soudaines (par exemple après un traumatisme), ou progressives, notamment lors d’affection chronique : chat léthargique, qui rechigne à se déplacer ou ne veut plus sortir ; ne cherche plus les contacts et peut devenir agressif lorsqu’on le manipule ou au contraire sollicite l’attention plus qu’à l’habitude, se montre hyperactif ; troubles de l’appétit ou recul devant la gamelle (par exemple lors de douleurs buccales), arrêt du toilettage…

L’observation de tels signes doit inciter à prendre conseil auprès d’un vétérinaire. Celui-ci sera en mesure de confirmer s’il s’agit de l’expression d’une douleur, mais aussi d’évaluer son niveau, en fonction des manifestations qu’il observe ou rapportées par le propriétaire et de la cause sous-jacente.

 

Que peut-on faire lorsque mon chat a mal ?

Il convient en premier lieu d’éviter au maximum (ponctuellement ou au quotidien) les manipulations et activités susceptibles de provoquer ou d’intensifier la douleur du chat : par exemple, déplacer le chat avec précaution (ponctuellement pour transporter un chat accidenté chez le vétérinaire, au quotidien pour prendre dans les bras un chat souffrant d’arthrose), mettre en place une petite échelle permettant à un chat ayant des douleurs ostéo-articulaires de monter sur la fenêtre où il aime s’installer….

Lorsqu’un chat qui a des signes évocateurs d’une douleur est présenté en consultation, le vétérinaire recherchera l’origine de celle-ci, si elle n’est pas connue. Ainsi, il pourra éventuellement réaliser un traitement de la cause (stabilisation d’une fracture, extraction de dents lors de maladie parodontale, retrait d’un épillet…), ce qui permet de supprimer plus ou moins rapidement la douleur.

Il mettra également en place des mesures afin de contrôler la douleur, le temps qu’elle rétrocède grâce à la prise en charge spécifique de la cause, et/ou si cette prise en charge nécessite une intervention elle-même douloureuse ou si la cause ne peut être supprimée (par exemple lors de maladies chroniques : certains cancers, arthrose…).

Les méthodes et protocoles disponibles et applicables chez le chat sont de plus en plus nombreux, et peuvent être combinés.

Les traitements antalgiques médicaux : anti-inflammatoires, analgésiques morphiniques… Les protocoles sont établis au cas par cas (choix de la molécule, de la voie et de la fréquence d’administration…) en fonction du niveau de la douleur (légère, modérée ou sévère), de caractéristiques liées au chat telles que son âge ou son état général…

L’automédication est généralement à éviter car le traitement risque de ne pas être adapté et peut masquer un problème grave en atténuant la douleur. Une aggravation est alors possible si la consultation est retardée. Lorsque des médicaments à usage humain sont utilisés, le dosage est en outre souvent difficile, et certaines molécules d’usage courant chez l’homme ont un seuil de toxicité très bas chez le chat (cas par exemple du paracétamol).

La physiothérapie : électrothérapie, thermothérapie, thérapie laser, hydrothérapie… Ces méthodes de prise en charge de la douleur sont en plein essors ; des approches variées sont envisageables, là encore au cas par cas car leur intérêt varie selon la cause de la douleur, son intensité. Les techniques de physiothérapie peuvent être complémentaires des traitements médicaux, mais permettent également à elle seule de contrôler certaines douleurs.

L’hygiène de vie au quotidien : des mesures alimentaires peuvent être utile pour le contrôle de douleurs chroniques ; l’administration de compléments alimentaires peut ainsi ralentir l’évolution de l’arthrose.

En plus du contrôle de la douleur proprement dit, il est important d’améliorer le confort de vie de l’animal lors de douleurs chroniques. Cela consiste notamment :

– à faciliter ses activités au quotidien : par exemple, aider l’animal à rester propre si celui-ci ne peut plus se toiletter, urine sur son couchage en raison de difficultés à se déplacer… ; regrouper toutes ses activités (repos, alimentation…) au même étage du domicile pour lui éviter d’avoir à emprunter des escaliers… ;

– et à ne pas le négliger (caresses, jeux…), même s’il ne manifeste plus les mêmes marques d’attachement qu’avant la maladie et que la prise en charge sur le long terme est parfois fastidieuse.

 

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