Les propriétaires de chats pensent souvent que les aliments qui sont sans danger pour l’homme, le sont également pour leur animal. Toutefois, cet avis n’est pas toujours fondé et les intoxications de chats par des produits courants de notre alimentation ne sont donc pas exceptionnelles.
Circonstances des intoxications
Les intoxications par des aliments se produisent classiquement lorsque :
– les propriétaires proposent à leur chat dans son alimentation, comme une friandise ou en restes de table, un aliment potentiellement toxique ;
– le chat « se sert » et ingère un aliment laissé à sa portée, trouvé dans la poubelle ou découvert dans son environnement extérieur.
Lorsqu’un aliment est appétant, le chat le consomme sans discernement, même s’il est potentiellement nocif.
Quels sont les principaux aliments toxiques ?
Parmi les causes d’intoxications par des aliments, les plus fréquentes, peuvent être cités :
L’oignon
L’oignon, mais aussi dans une moindre mesure, l’ail et l’échalotte, sont potentiellement nocifs pour le chat, qu’ils soient crus ou cuits. Une intoxication peut par exemple survenir après que le chat ait ingéré des restes de tables.
La consommation d’oignon peut provoquer une destruction de globules rouges. Les signes cliniques se manifestent environ 1 à 2 jours après l’ingestion et peuvent consister notamment en des troubles digestifs (anorexie, vomissements, diarrhée), puis un abattement, des muqueuses pâles (anémie), des urines sombres…
La dose toxique est atteinte lorsque le chat consomme environ 5 g d’oignon par kg de poids corporel, soit un quart d’oignon environ pour un chat de 5 kg.
Le chocolat
Les intoxications par le chocolat ne concernent pas que les chiens, certains chats étant également amateurs de cette friandise ! C’est la théobromine contenue dans le cacao qui est toxique pour le chat ; plus le produit est riche en cacao, plus il contient de théobromine et plus le risque d’intoxication est élevé : la poudre de cacao est donc plus toxique que le chocolat noir, lui-même plus toxique que le chocolat au lait.
Une intoxication aiguë peut intervenir suite à une ingestion de quantités importantes de théobromine sur une courte période (consommation d’une partie de tablette ou d’une boite de chocolats, de décorations de sapin en chocolat lors des fêtes de fin d’année…).
Les signes cliniques apparaissent 4 à 6 heures après l’ingestion. Des troubles digestifs, une augmentation de la consommation d’eau et par conséquent de la quantité d’urine, et dans les cas les plus graves, des troubles nerveux peuvent être observés.
La dose toxique est atteinte lorsque le chat consomme environ 6 g de chocolat noir par kg de poids corporel, soit 30 g pour un chat de 5 kg. Cette intoxication constitue une urgence vraie.
Des intoxications chroniques peuvent également se produire si du chocolat est distribué de manière régulière, même en quantité modérée. Les symptômes sont alors essentiellement cardiaques.
Les pommes de terre crues
L’ingestion de pommes de terre crues (suite à la distribution de pommes de terre abîmées, germées ou d’épluchures) et dans une moindre mesure, celle de l’eau de cuisson des pommes de terre est toxique. Cette intoxication est plus rare que chez le chien.
Les pommes de terre crues présentent une toxicité digestive et nerveuse, due à la solanine, substance qui se trouve dans la peau des tubercules et dans les parties vertes de la plante.
Les signes cliniques d’intoxication aiguë apparaissent 2-3 heures après l’ingestion. Il s’agit notamment de signes digestifs (salivation, douleur abdominale, vomissements…), de possibles complications nerveuses (tremblements, hypothermie, incoordination locomotrice) pouvant évoluer en une paralysie et un coma et conduire au décès. La dose toxique est atteinte lorsque le chat consomme environ 30 g de pommes de terre germées par kg de poids corporel.
Cette intoxication constitue une urgence vraie et son pronostic est sombre lors de forme nerveuse.
La pâte à tarte crue, la pâte à sel, l’avocat, le poireau, certains champignons… sont aussi des aliments potentiellement toxiques pour le chat.
Que faire si mon chat a ingéré un aliment toxique ?
Si le chat est découvert alors qu’il consomme un aliment toxique ou suspect, il convient en premier lieu de l’empêcher d’en ingérer plus.
Il est préconisé d’agir sans attendre que des signes cliniques apparaissent, car en général, plus la prise en charge est précoce, plus elle est efficace : par exemple, lorsqu’un lavage d’estomac est utile pour évacuer au moins en partie l’aliment toxique, il doit intervenir rapidement après l’ingestion.
Il faut donc contacter immédiatement un vétérinaire, et lui fournir si possible les informations suivantes : nature et quantité de l’aliment ingéré, et heure de l’ingestion. Ces renseignements peuvent permettre au vétérinaire de déterminer si une consultation en urgence est nécessaire, et/ou d’indiquer les gestes qui peuvent être réalisés par le propriétaire.
La prise en charge dépend également de la nature et de la quantité de l’aliment ingéré, et du délai écoulé depuis l’ingestion, mais aussi des éventuels signes cliniques qui se sont déjà déclarés : le vétérinaire peut être amené à essayer d’évacuer au maximum l’aliment toxique (en faisant vomir ou par un lavage d’estomac), à administrer par voie orale un produit pour capter les toxines (charbon actif) ou un antidote s’il existe, à mettre en œuvre un traitement symptomatique ou destiné à soutenir les fonctions vitales…
Il est déconseillé d’utiliser des remèdes « de grand-mère » (comme par exemple, faire boire du lait) ou d’essayer d’administrer un traitement ou de faire vomir si ça n’a pas été préconisé par le vétérinaire. Dans certains cas, ces interventions peuvent en effet avoir des effets néfastes.
Si un chat qui n’était pas sous surveillance présente des signes ou comportements inhabituels, il convient d’envisager la possibilité d’une intoxication et de contacter également un vétérinaire sans délai.
Prévention des intoxications par des aliments (ou par ingestion d’autres produits toxiques)
L’environnement immédiat de nos animaux de compagnie (domicile, jardin…), recèle en plus des aliments toxiques de nombreux produits et plantes, potentiellement nocifs en cas d’ingestion :
– plantes d’intérieur ou du jardin (ficus, poinsettia, lys, muguet, narcisse, dieffenbachia, spathiphyllum, baies du gui et du houx, pommier d’amour…) ;
– produits d’entretien (lessives, détergents…), pesticides (insecticides, désherbants, anti-limaces, raticides…) et engrais, solvants (acétone, white spirit…), médicaments et cosmétiques, liquide antigel pour automobile…
Tous les chats sont concernés, mais le risque est plus élevé pour les chatons, particulièrement curieux par nature et qui ont tendance à vouloir tout tester.
Dans tous les cas (aliments, autres produits, plantes… présentant une toxicité par ingestion), la prévention consiste à tenir ces toxiques potentiels (ou tout produit dont on ignore s’ils peuvent l’être) hors de portée de l’animal. Comme pour les enfants !